Les coulisses de la parution d’un livre (SEA) par Florian Marlin

Article rédigé le 15 avril 2015 à 10:24 RaphSEOSEA

Nous sommes très nombreux à apprécier les livres sur le SEO, le SEA, les CMS comme wordPress. On les dévore en dégustant les infos croustillantes et pertinentes qu’ils contiennent. Mais combien d’entre nous ce sont déjà posés la question de l’envers du décor. Comment ça se passe pour publier un livre, pour publier son livre.

Et bien Florian Marlin nous fait la joie et l’honneur de tous nous expliquer sur son expérience personnelle avec son très bon livre intitulé « Guide pratique des liens sponsorisés ».

Hello Florian ! Près d’un an après la publication du Guide des Liens Sponsorisés, 2ème édition, peux-tu nous raconter comment tu en es arrivé là ?

Tout commence le 28 Juillet 2010. Je reçois un email d’Aurélien Bardon, le propriétaire d’Oseox.fr qui m’accueille en tant que co-auteur sur le blog, sur la partie Web Marketing. Dans ce mail, il me parle d’un projet qu’il a avec un contact éditeur, chez les Editions de l’Alambic, pour rédiger et publier un projet de FAQ sur le SEM, Aurélien s’occupant de la partie SEO, et moi de la partie SEA. Le projet me botte carrément, et je réponds le jour même que je suis partant, et on part sur la rédaction d’une centaine de questions chacun.
Malgré une communication compliquée avec l’éditeur, qui entame ma motivation, je finalise et transmets le contenu du manuscrit fin Juillet 2011, 105 questions et réponses sur le SEA. La partie SEO avance du côté d’Aurélien, et j’apprends finalement qu’on partira sur 2 livres distincts plutôt qu’un ouvrage commun. Soit, ce n’est qu’une question de mise en forme.
Après plusieurs relances, il me faudra attendre le 1er Octobre pour avoir un retour positif, me confirmant la publication du livre. Je reçois mon contrat d’édition dans la foulée, avec une promesse de droits d’auteurs généreux par rapport aux informations que j’ai sur le marché : l’éditeur me propose de me reverser 15% du prix HT du livre. Je ne fais clairement pas ça pour l’argent, mais s’il y a un bonus financier à la fin, c’est toujours bon à prendre. Néanmoins, cela sera le tout premier livre français dédié aux Liens Sponsorisés, je ne sais pas du tout s’il y a un marché pour ça ! Je signe le contrat, qui stipule que l’éditeur a un délai de 12 mois pour le publier.

Sympa les relations avec ton éditeur, ça donne envie ! Et qu’a donné ce livre sur le SEO d’Aurélien ?

guide pratique des liens sponsorises

Couverture de la 1ère édition

Mi-décembre 2011, j’apprends par Aurélien qu’il a mis fin à sa collaboration avec l’éditeur pour la sortie de la FAQ SEO. Les difficultés de communication avec l’éditeur semblent être allées au bout de la patience d’Aurélien, qui avait néanmoins rédigé tous ses textes. Bien décidé à poursuivre et terminer ce projet, je relance l’éditeur en m’inquiétant de l’absence de son retour, plus de 2 mois après la confirmation de publication, et 5 mois après l’envoi du manuscrit. On évoque une publication en Février 2012.

Début 2012, et toujours aucun retour. Le ton se corse, l’éditeur prend mal mes plaintes sur le timing, me demande de respecter ses conditions ou m’invite à trouver un autre éditeur… Je prends mon mal en patience, et fin Janvier, l’éditeur revient vers moi avec la version corrigée du manuscrit : peu de modifications, ni même beaucoup de fautes à corriger… je m’en étonne, fais relire le manuscrit par des amis, qui trouvent de nombreuses fautes ! Sur ce point, l’éditeur a vraiment failli je trouve.

On lance l’impression début Mars 2012. A partir de ce moment, on évoque la distribution et la promotion (à la charge de l’éditeur). Et là je déchante sur le fait d’avoir affaire à un « petit éditeur » : le livre ne sera au final disponible que sur Amazon à partir du 2 Avril 2012, aucune présence en librairie physique, il n’arrivera même pas à le référencer sur Fnac.com. Concernant la promotion, les promesses annoncées ne sont pas tenues, et strictement aucune promotion ne sera faite par l’éditeur.

Tu as quand même réussi à en vendre non ? A l’époque on en avait pas mal parlé !

La promotion devient ma mission prioritaire. Et là-dessus, je dois un grand merci à tous les copains, notamment de la communauté SEO, qui ont tous joué le jeu pour faire parler du bouquin ! Près d’une vingtaine de relais sur les blogs des amis, encore merci ! Aucun retour sur le niveau des ventes. Jusqu’à un tweet du 10 Février 2013, qui pendant ma séance de sport, me prévient que mon éditeur a fermé et qu’Amazon a déréférencé le livre, moins d’un an après la publication… Coup de massue. Mon éditeur prend connaissance de mes tweets et m’envoie un email dans la journée, m’annonçant que les Editions de l’Alambic ferment leurs portes, et que des « problèmes familiaux » les ont empêchés de me prévenir en amont.

Il m’annonce à ce moment près de 300 exemplaires vendus pour 2012, et le versement de 500€ de droits d’auteurs. Je n’aurai aucun retour sur les ventes de 2013, quand la version numérique a été bradée à quelques euros. Ni vraiment aucune confirmation que ces chiffres sont vrais, ayant pour ma part de gros doutes sur leur véracité, dans le but de réduire les droits d’auteur à verser. Mais là n’est pas vraiment la question, l’important est que l’avenir du livre se termine abruptement, d’un coup. Et les messages toujours plus nombreux s’accumulent sur Twitter et dans ma boîte mail pour savoir où se procurer l’ouvrage. Au passage, j’ai récupéré l’intégralité de mes droits de publication et de distribution de mes écrits.

Et donc, comment tu t’es retrouvé chez Eyrolles pour cette seconde édition ?

A ce moment, je ne souhaite qu’une chose : pouvoir donner une vie plus longue et selon moi méritée au livre. On me conseille sur Twitter l’auto-édition ou la diffusion en format numérique uniquement, mais je souhaite capitaliser sur cet « échec » pour aller plus loin, et conserver une version papier, si possible distribuée plus largement. Dans les jours qui suivent, je m’arme de patience pour contacter différents « grands » éditeurs. Je contacte Dunod, Eyrolles, Micro Application, First et Vuibert/Albin Michel, sans retour concluant.

Le 14 Juin 2013, j’envoie un tweet et un post Google+ pour annoncer que je recherche officiellement un nouvel éditeur, et demande de l’aide à la communauté. Les retours seront au-delà de mes espérances : des contacts avec d’autres éditeurs comme Kawa, Alfabarre et Ellipses, mais c’est Olivier Andrieu, que je remercie une fois de plus, qui m’a mis en relation via G+ avec son éditeur historique, Eyrolles. Le projet se relance, plus sérieux qu’il n’a jamais été. Mi-Juillet, Eyrolles me confirme son intention de publier une nouvelle version, avec un contrat d’édition pour la rentrée. Je suis aux anges et m’attelle à cette nouvelle version car le travail s’annonce important et beaucoup plus exigeant qu’avec le précédent éditeur.

Je fais tout pour en faire une édition parfaite, dans les moindres détails. Fin Août, je pense à faire illustrer le livre par un illustrateur professionnel, pour rendre le contenu plus digeste et la lecture plus ludique. Après différents contacts pris avec des illustrateurs qui me plaisaient, c’est Fred Rimbau, découvert par l’intermédiaire d’une collègue graphiste, que je choisis pour illustrer les pages des chapitres selon des scénarios issus de mon imagination, ainsi que la couverture. Avec lui, nous décidons de me « croquer » pour faire un clin d’œil à ceux qui me connaissent, et qui peut-être me reconnaîtrons. Hélas, les dessins n’apportant pas de réelle plus-value au contenu pour mon éditeur (en effet, ils ne vont pas augmenter le nombre de ventes), il ne me débloquera qu’un petit budget illustration, le reste devant être fourni par mes soins.

Cette fois, je me lance dans la recherche d’une préface pertinente qui aiderait à faire connaître le livre, et je la propose au DG de Google France, Nick Leeder. Malgré une rencontre lors d’un salon et d’un échange de mails, ce dernier ne pourra pas accéder à ma demande. Décidément, pas évident d’avoir une préface « officielle » de Google, même pour parler d’AdWords ! J’essaye également de proposer un partenariat à Google pour diffuser des « Bons AdWords » gratuitement dans le livre, sans succès.

Et alors, cet éditeur, c’est la même galère qu’avec le premier ?

Les relations avec ce nouvel éditeur n’ont rien à voir avec le précédent : communication sérieuse, retours constructifs, relecture efficace, mise en page soignée… Quelques déceptions néanmoins sur certains choix, comme l’absence de pages en couleurs (ce qui aurait amélioré la lisibilité des captures d’écran), et un prix que je juge trop élevé. Les discussions autour du titre et de la couverture ont également été poussées : contractuellement, il s’agit de la responsabilité de l’éditeur, mais il est difficile pour un auteur de ne pas avoir son mot à dire sur « l’image » de l’ouvrage. Pour le coup, même si les discussions ont été longues (et jusqu’à la dernière minute), l’éditeur m’a écouté et nous avons trouvé un compromis dans la couverture et le titre finalement choisis.

Quelques couvertures (maquettes) auxquelles vous avez échappé :

couvertures non retenues

Mi-Octobre 2013, le manuscrit est finalisé, fin octobre le contrat est signé, avec des droits d’auteur beaucoup plus faibles que le précédent contrat, mais à priori dans la moyenne de l’édition de ce type d’ouvrage. Au final, cette seconde édition a été réalisée en un temps record, mais j’ai travaillé dessus de façon beaucoup plus intensive que la première édition, les deadlines étant précises et ma motivation décuplée. Le Guide des Liens Sponsorisés est publié le 25 avril 2014, sur Amazon bien sûr mais également dans de nombreuses librairies, dont les enseignes FNAC. Grande fierté, et la pression retombe enfin !

La première photo reçue du Guide à la FNAC :

Photo livre sea à la fnac

Alors les ventes cette fois-ci, ça a donné quoi ?

Au niveau de la promotion de ce nouvel ouvrage, un communiqué de presse sera envoyé, mais au final avec très peu d’impact. La promotion de l’éditeur a au final assez peu d’effets je pense, même si un article sur le JDN en résulte. Dans la communauté aussi, malgré mes efforts, les copains reprennent moins, et pour cause, c’est une deuxième édition, ils ont déjà été mis à contribution 2 ans auparavant, je comprends tout à fait. Néanmoins, ça fonctionne tout de même, et plus de 500 exemplaires sont vendus le premier mois. L’éditeur est satisfait du lancement !

Par contre, le soufflé retombe assez vite, et je m’en rends compte quand l’éditeur m’envoie fin 2014 les premiers chiffres de ventes. Autant le démarrage a été bon, autant, plus le temps passe, et plus le livre rencontre plus de mal à trouver son public. Mars 2015, je demande une update des ventes, pour voir si les chiffres se sont redressés depuis le début de l’année, mais non. J’ai pourtant dans l’idée de publier une nouvelle version encore enrichie de sujets non abordés, corrigée (car AdWords a énormément bougé en 1 an), avant une approche complémentaire, pour en faire le livre de référence sur le SEA, un peu comme la série des « Réussir son référencement Web » d’Olivier Andrieu, même si une réédition chaque année me parait un peu optimiste. Néanmoins, en l’état actuel des choses, il n’est pas prévu par l’éditeur de relancer une version du Guide, à mon grand désespoir. La « niche » de lecteurs intéressés par ce sujet n’est semble-t-il pas assez importante pour être rentable.

Du coup, tu es déçu je suppose… Il y a quand même une suite de prévue ?

Donc oui, je suis déçu, même si je reste très heureux de cette nouvelle vie qu’a eue le livre chez ce grand éditeur. Et la suite ? Je vais continuer à proposer à mon éditeur de mettre à jour ce Guide, sachant qu’en plus je reçois régulièrement des demandes ! Peut-être qu’il souhaitera un de ces jours le remettre à jour, et qu’à ce moment, la cible de lecteurs visée aura augmenté (je suis sûr qu’elle progresse chaque jour, car on sait tous que le SEO est mort). En attendant, même si AdWords a évolué en un an, 95% du contenu du livre reste correct et utile, et il reste disponible !

Au final, l’aventure n’est pas totalement terminée, je tiens encore à remercier Aurélien Bardon, sans qui rien n’aurait été possible, Olivier Andrieu pour cette incroyable seconde chance qu’il m’a offerte, ainsi que tous ceux qui ont relayé/parlé de mon livre, et enfin tous les lecteurs 🙂

7 réflexions au sujet de « Les coulisses de la parution d’un livre (SEA) par Florian Marlin »

  1. Olivier Andrieu

    Salut Florian et ravi d’avoir pu t’aider sur ce coup.
    Ton bouquin est très bon et si ça n’avait pas été le cas, Eyrolles ne l’aurait pas publié :)))
    Amicalement
    Olivier

  2. Nicolas Augé@Consultant SEO

    Hello Messieurs.

    Très bonne initiative de parler de l’envers du décor, c’est super intéressant. Bravo Raph ! 😉

    Et Flo, je trouve vraiment dommage qu’il n’y ait pas un public au rendez-vous : as-tu essayé de passer le livre en « requête large » pour voir ?! xD

    Trêve de plaisanteries, ce serait vraiment bien qu’il y ait un 3ème opus compte tenu des tonnes d’info que j’ai pu récupérer du 2ème… D’ailleurs, j’ai une campagne SEA qui ne décolle pas actuellement et je suis en train de me creuser le cerveau à comprendre pourquoi. Je n’ai pas encore trouvé l’explication mais je continue de creuser. 🙂

  3. Bastien

    Je me permets d’intervenir (ce que je fais relativement rarement) car étant auteur chez un prestigieux éditeur français (Flammarion/J’ai Lu), je connais moi aussi l’envers du décor. Après trois publications et ce depuis 2011, je connais bien la chanson.

    Je ne vais pas parler des vertus du livre de Florian car nous serons tous unanimes pour dire que son livre est très réussi (il a bercé quelques-unes de mes soirées)…

    Concernant les ventes du livre cela ne m’étonne pas vraiment. Lors de la sortie d’un livre, il y a un effet buzz qui génère un premier mois bilan réussi (ou du moins, encourageant). Cependant, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une petite niche dans le monde de l’édition en France. Parler de l’achat de mots-clés Google c’est excellent (pour nous) mais c’est une goutte d’eau dans l’océan du grand public.

    Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer la baisse importante des ventes comme le placement dans les librairies (est-il sur table? Dans quel rayon est-il situé ? … ) et quelle a été la communication (le marketing) autour de l’ouvrage ? Est-ce que Florian a été épaulé par une attachée de presse qui a pu toucher des canaux de communications (presse, radio, …) permettant de générer des ventes ?

    Bref, je pourrai développer davantage la question mais personnellement je pense qu’il faut en tirer que du positif.
    C’est un premier jet, une première expérience… Qui plus est, dans une bonne maison d’édition… Le bilan n’est peut être pas à la hauteur des espoirs de Florian mais rien est figé je pense. D’ailleurs, j’ai quelques idées… Si jamais il a besoin, il sait où me trouver.

  4. Florian

    Merci pour vos commentaires 🙂

    @Olivier : Merci ! 🙂

    @Nicolas : Ah très bon le coup du ciblage large pour élargir la cible 😉 Merci pour tes encouragements ! Je suis sûr que tu as toutes les clés pour réussir ta campagne !

    @Bastien : Merci pour ton feedback hyper instructif, c’est passionnant d’avoir un autre écho d’une expérience différente. On est tout à fait d’accord pour la niche, et d’autant plus pour le SEA par rapport au SEO. Toutes les questions que tu poses sont légitimes, hélas je n’ai pas toutes les réponses. Mais avec un peu de recul, je pense qu’on aurait pu mieux faire niveau communication. On continue la discussion en prrivé 🙂

  5. Nicolas Robineau

    Bon, promis Flo si jamais ont rempote un jackpot Loto un jour, on achète 3000 exemplaires de façon à avoir une nouvelle publication du Guide des Liens Sponso !!

    En dehors de cela, j’aime également beaucoup ce concept d’envers du décor avec toute l’honnêté qui caractérise Florian Marlin. Sans concession, franc du collier et qui ne peut être que de bons conseils pour d’éventuels auteurs. D’ailleurs, tu nous parles de revenus dans la « moyenne » mais c’est quoi cette moyenne ?

    As-tu été payé à la livraison ou au pourcentage ? Même si ce n’est pas l’objectif, j’espère qu’il comblera l’ensemble des frais que tu as mis dans les illustrations qui apportent au livre, le contenu est un tout, pas seulement des mots.

  6. Patrick

    Je dois donc être un des seuls à avoir les 2 exemplaires 😉
    Dans mes différents cours sur le sujet, je le mets toujours en avant comme livre de référence.
    Si je dois amener une critique, c’est que c’est (selon moi) pas un livre pour débuter. Le fait de le faire sous forme de questions/réponses est intéressante, mais pas si tu commences sur AdWords. Je vois que les élèves préfèrent quelque chose de plus structurer, un peu comme tu peux le faire lorsque tu donnes une journée de formation. Ce n’est pas évident de s’y retrouver lorsque tu commences. C’est effectivement pratique lorsque tu connais déjà le sujet et que tu cherches des points précis.
    Je pense que si tu devais en refaire un à l’avenir, il serait peut-être judicieux de le faire plus sur une forme identique au livre d’Olivier sur le SEO. C’est plus conséquent, mais ça deviendrait « le vrai livre » de référence dans le domaine selon moi.

  7. Florian

    @Nico : T’es le mieux placé pour gagner au loto donc je compte sur toi 😉 La moyenne des droits d’auteur dans l’édition de sujets techniques est entre 6 et 8%. Et effectivement pour préciser, je n’ai pas été payé à la livraison, mais bien avec ce pourcentage sur les ventes. Non il y a peu de chances que les ventes couvrent les frais, mais ce n’est pas ce qui m’embête.

    @Patrick : Merci pour ce feedback et cette critique. J’en avais en effet conscience et j’avais prévu dans la nouvelle édition de développer une partie plus didactique, à la façon d’un tutoriel, guide pas à pas, accompagné des questions/réponses en fin de chapitre.

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